lundi 28 septembre 2009

PNUD : "Un monde meilleur grâce à la migration"

BRUXELLES, 05 octobre 2009(IPS) - La migration offre souvent beaucoup de choses aux migrants eux-mêmes, à leurs proches restés au pays mais aussi au nouvel environnement qui les accueillent. Le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) réfute un certain nombre d'idées fausses du public sur la migration et se lève pour réclamer la réduction des restrictions actuelles sur les flux migratoires internationaux.

Les gens qui quittent leur patrie sont pour la plupart attirés dans des endroits où ils espèrent avoir un revenu plus élevé. Mais ce flux est loin d'être le seul qui se produit des pays en voie de développement vers les pays riches. La plupart des migrants émigrent plutôt d’un pays en voie de développement vers un autre pays en voie de développement. Les mouvements migratoires dans le continent asiatique par exemple sont plus importants que tous les flux migratoires vers l'Europe. Beaucoup plus de personnes préfèrent également migrer au sein dans leur propre pays que de partir à la recherche d’un autre pays. Le monde compte environ 214 millions de migrants internationaux (dont environ 14 millions de réfugiés) et 740 millions de migrants internes, précise le PNUD dans son rapport 2009 sur le développement humain.

Trop pauvres pour émigrer

Ce ne sont pas les personnes les plus pauvres qui émigrent. Ceux qui sont pauvres sont généralement dépourvus de compétences et de ressources financières pour franchir le pas. De nombreux pays laissent difficilement entrer des gens peu ou pas qualifiés sur leur territoire. Malgré les énormes disparités de richesse, il y a aujourd’hui moins d’un pourcent de la population africaine qui s’est établie en Europe. Même les pays les plus riches paraissaient beaucoup plus à la recherche des couches les plus aisées. La migration entre les pays riches est importante et les chiffres indiquent que seulement 12 % des immigrés en Europe proviennent d'Afrique, tandis que plus de 50 % des immigrés européens sont originaires de l'Europe elle-même.

Une conséquence logique de ce fait est qu’il n’y a pas que les pays les plus pauvres qui profitent de la migration. L'Union européenne a reçu nettement plus d’argent en 2007 de ses propres émigrés que l’argent envoyé par les immigrés de l'Union européenne à leurs proches. La France a reçu en 2007 environ 9 milliards d'euros, la Pologne 7 milliards d'euros, la Belgique 5,5 milliards (en raison du nombre élevé de sociétés et d’institutions internationales en Belgique) et les Pays-Bas 1,7 milliard. Les pays européens à partir desquels de nombreux migrants envoient de l'argent sont l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Suisse en particulier (ce dernier pays n’est pas membre de l’Union européenne).

Dans le monde, c’est l’Inde qui profite le plus du phénomène migratoire avec une entrée de plus de 24 milliards d'euros en 2007, suivi par la Chine (22 milliards d'euros) et le Mexique (18,5 milliards d'euros).

Des avantages pour tous

Les migrants sont d’abord à la recherche de travail mieux rémunéré mais ils recherchent généralement une meilleure couverture sociale et de meilleures chances d’éducation que dans leur pays d’origine. Dans une famille qui a déménagé du Nicaragua vers le Costa Rica, la probabilité que les enfants aillent à l'école primaire affiche une hausse de 22 %.

Ces avantages sont évidemment beaucoup plus réduits pour les 50 millions d'immigrants illégaux dans le monde. Il est frappant de constater que dans de nombreux pays où il existe des étrangers en situation irrégulière, il existe une certaine tolérance pour ceux qui travaillent. Il s’agit d’une indication que leur apport économique est nécessaire pour le pays mais de nombreux gouvernements choisissent une approche qui maximisent les avantages économiques des migrations tout en réduisant au maximum les droits de ces travailleurs migrants.

Selon le PNUD, la préoccupation de nombreux pays estimant que les migrants faiblement qualifiés originaires des pays les plus pauvres vont prendre des places aux demandeurs d'emploi local, faire baisser le niveau des salaires, occasionner une charge supplémentaire pour les services publics, est « souvent exagérée ». Les effets négatifs sont "essentiellement petits et restent souvent insignifiants". Par contre, les effets positifs sur l'emploi, les investissements, les revenus de remplacement et l'intégration sont généralement plus faciles que prévus.

Rendre la migration plus facile

L'organe de l'ONU appelle à faciliter les migrations et demande à ce que le traitement des migrants soit amélioré afin d’accroître leur contribution. Le PNUD propose d'inclure des travailleurs saisonniers dans l'agriculture et dans le secteur du tourisme tout en leur proposant une meilleure protection. Il faudrait également être plus souple dans l’attribution de visas pour les travailleurs peu qualifiés. Des pays comme la Nouvelle-Zélande et la Suède fournissent le bon exemple, selon l’organe international.

En outre, tous les pays d'accueil doivent faciliter les formalités d'immigration et les rendre moins chères. Ils doivent aussi veiller à ce que les migrants reçoivent un salaire égal pour des prestations égales avec des conditions de travail décentes afin qu’ils puissent s'organiser. Les décideurs devraient également investir davantage dans des mesures telles que les campagnes anti-discrimination, l'intégration, les cours de langues afin de promouvoir l'intégration des migrants et leurs familles.

L'augmentation des migrations vers l'Europe semble une nécessité. Sans apport supplémentaire de personnes en provenance de l'étranger, le vieillissement de la population active en Europe va croître de 23 % au cours des 40 prochaines années.

Peter Dhondt


source : http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=10470

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